Le projet NEMO, pour New Energies for Martinique and Overseas, est une centrale flottante qui exploite l’énergie thermique des mers (ETM) pour produire de l’électricité.

Cette centrale flottante de 16 MW sera capable de fournir de l’électricité pour environs 35 000 foyers. Elle sera installée en Martinique, à sept kilomètres de la ville de Bellefontaine en 2018.

A l’origine de NEMO, on trouve la DCNS ainsi que Akuo Energy, des spécialistes des énergies renouvelables.

 

 

Le principe

Cette plateforme flottante ancrée en mer exploitera la différence de température entre l’eau chaude de surface (> 25°C) et l’eau froide des profondeurs (-1000m, 5°C) pour produire une électricité non intermittente, et non-carbonée sans aucune incertitude sur la ressource (accès, disponibilité, coût).

C’est le phénomène d’absorption de la lumière dans la mer (absorption de l’énergie des photons) qui va permettre la création de chaleur. Sous l’eau on constate que l’atténuation est considérable, les infrarouges sont absorbés dans le premier mètre et peu de lumière atteint les 100 mètres. Au delà de 1000 mètres c’est la nuit noire.

 

 

Ce gradient thermique peut donc être exploité pour fournir des sources froides et chaudes à une pompe à chaleur.

En chauffant à sa température d’ébullition (au contact de l’eau de mer chaude puisée en surface) un fluide de travail approprié sous sa forme liquide, il se transforme en vapeur dans un évaporateur. Si l’on fait passer cette vapeur dans une turbine couplée à un alternateur, avant de l’aspirer vers un condenseur où elle se refroidit (au contact de l’eau de mer froide puisée en profondeur), elle redevient liquide : on a ainsi réalisé une turbomachine à vapeur.

Grâce à ce différentiel de 20°C et de grands volumes d’eau, une installation ETM peut produire de la chaleur et de l’électricité, mais aussi fournir un système de refroidissement et des coproduits (sels nutritifs, eau douce peu polluée, etc.) à différentes activités littorales.

Une technique largement facilitée dans des eaux relativement chaudes, d’où le choix de la Région Martinique.
En effet, la localisation de l’île sur la ceinture tropicale en fait l’une des zones les plus prometteuses au monde pour l’exploitation de cette énergie renouvelable non intermittente et le développement de cette technologie très respectueuse de l’environnement.

 

 

Le projet a été préalablement sélectionné puis fortement soutenu par la France pour franchir toutes les étapes de la procédure du programme européen NE R300. Ce succès d’Akuo et de DCNS n’a donc été possible qu’avec le soutien du gouvernement français, à travers le pilotage de la Direction Générale de l’Énergie et du Climat (DGEC) et l’appui du ministère de l’Écologie, du Développement Durable et de l’Énergie et du ministère de l’Économie, du Redressement productif et du Numérique.

 




 

Est-on sûr que ça marche ?

DCNS travaille sur ce projet de centrale depuis 2008. En 2011, un prototype a été construit sur terre (avec une installation dédiée en eau douce) à Saint-Pierre de La Réunion. Cette machine fabriquée en coopération avec des étudiants a permis de valider le principe de l’échangeur thermique nécessaire au bon fonctionnement de la future centrale NEMO.

 

 

Pourquoi faut-il attendre quatre ans avant la mise en route ?

Il va falloir construire une barge flottante de la taille d’un paquebot. Il faudra ensuite loger tous les échangeurs de chaleur, les évaporateurs et les condenseurs. Cette centrale sera ancrée à mille mètres de profondeur.Un travail minutieux qui nécessite quatre années de préparation.

Programme européen, doté d’un financement de 72 millions d’euros :

Les composants les plus importants seront ainsi produits en Métropole, tandis que la mise en œuvre opérationnelle s’appuiera sur des bases arrières ultramarines. La plateforme pilote NEMO sera construite et assemblée dans un chantier naval français et permettra pour sa réalisation la création de près de 1300 emplois.
Les constructions en phase commerciale de centrales offshore devraient mobiliser plus de 2000 emplois en
France pendant 4 ans par centrale.

 

 

Un peu d’histoire :

En 1869, le célèbre écrivain de Vingt mille lieues sous les mers, Jules Verne, est à l’origine de l’idée d’utiliser les différences de températures des mers pour produire de l’électricité .En effet, dans son livre il décrit son procédé par le moyen d’utiliser « eaux de surface et les eaux profondes des océans pour produire de l’électricité ».

C’est en 1881 que le physicien et inventeur français Arsène d’Arsonval formule pour la première fois le principe de l’énergie thermique des mers (ETM). En se référant aux propos du capitaine Nemo, il suggère de mettre à profit la différence de température entre la surface et le fond de l’océan tropical pour faire tourner une machine thermique et produire ainsi de l’électricité.

En 1930, le premier prototype voit le jour dans la baie de Matanza à environs 100km à l’Est de la Havane (Cuba). Cette “usine” était en fait une centrale de 50kW utilisant de l’eau de surface chaude (25-27°C) et de l’eau pompée à plus de 700m de profondeur (12°C).