DCNS dévoile un étonnant concept de centrale nucléaire sous-marine

Le groupe naval français dévoile un projet très innovant de centrale nucléaire sous-marine à usage civil.Flexblue permettrait de produire une puissance de 50 à 250 MW, le module serait capable d’alimenter en électricité 100.000 à un million d’habitants.

 

 

Le concept Flexblue

DCNS a voulu profiter de son savoir-faire sur les sous-marins à propulsion nucléaire pour imaginer une solution immergée, qui présente un certain nombre d’avantages :

– Le réacteur pourrait bénéficier, grâce à la mer, d’une source de refroidissement naturelle inépuisable (étant entendu que l’eau de mer circule dans des circuits isolés des éléments irradiés).

– Mettre la centrale à l’abri d’aléas climatiques ou de catastrophes naturelles, comme une tempête, un tsunami, une sécheresse, un tremblement de terre.,Le module est simplement posé et ancré sur le fond, ce qui devrait limiter considérablement l’impact d’un éventuel séisme par rapport à une structure terrestre, directement en prise avec le sol.

– Limiter des coûts très importants liés au génie civil.

– Utilisation au plus près des zones de consommation, ce qui évite d’avoir à installer de longues lignes à haute tension.

D’après DCNS Flexblue présente une emprunte très réduite sur le milieu naturel, étant notamment invisible depuis la côte et sans impact sur la faune et la flore marine.

 

Une « ferme » de Flexblue

 

Utilisation de technologies éprouvées

Le module consiste en un cylindre de longueur d’une centaine de mètres et de largeur de 12 à 15 mètres.
A l’intérieur, un réacteur produisant de la vapeur pour faire tourner un groupe turbo-alternateur, ainsi qu’un poste électrique.

Équipé de ballasts pour se déplacer verticalement, le cylindre, dont l’intérieur est au sec, serait accessible pour toute intervention humaine via un mini-sous-marin de transport.

Flexblue disposerait d’une salle de commandes mais l’objectif n’est pas de concevoir une centrale sous-marine habitée.
Il s’agit véritablement, d’aboutir à une unité télécommandée depuis une installation de contrôle à terre.

Immergé entre 60 et 100 mètres, le module serait positionné entre 5 et 15 kilomètres des cotes.
L’énergie produite, elle serait acheminée vers la côte par câbles sous-marins.

Il serait possible de mettre côte à côte plusieurs modules indépendants, pour obtenir une puissance plus importante.
Cette architecture sous forme de ferme sous-marine permettrait de maintenir une production lors des périodes de maintenance de l’un des réacteurs.

Flexblue serait réalisé dans un chantier naval, en l’occurrence le site DCNS de Cherbourg, spécialisé dans la construction de sous-marins.
La structure serait ensuite mise à flot et embarquée sur un navire ou une barge semi-submersible, pour la transporter jusqu’à son lieu d’exploitation.

 

 

La mise en place du module au fond de la mer pourrait être effectuée de différentes manières, au moyen de treuils, ou en ajoutant sur le module un système de positionnement dynamique avec de petits propulseurs pour permettre au système de se positionner en lieu et place et de remonter en mode télé-opéré (exemple : opérations de maintenance).

Comme les sous-marins en fin de vie, il suffirait de transférer le module vers un chantier de démantèlement, sans laisser de trace sur le site d’exploitation.

La durée de vie des éléments combustibles devra être allongée, de manière à réduire la fréquence de rechargement du cœur du réacteur (actuellement de l’ordre de 18 mois maximum pour les centrales terrestres, l’objectif pour Flexblue est de passer à 2, 3 ou même 4 ans).

Flexblue ne présentera pas les caractéristiques des sous-marins, les technologies étant protégées et, de toute façon, elles ne sont pas nécessaires pour ce projet.
L’acier du cylindre ne sera pas le même que celui de la coque épaisse des sous-marins, amenés à plonger bien plus profondément. Le combustible nucléaire serait, quant à lui, aux standards civils, à l’image de celui employé dans les centrales terrestres.

Partenariat avec EDF, Areva et le CEA

Pour ce projet, DCNS s’est rapproché d’EDF et d’Areva.
Areva, a lancé un programme d’études sur les petits réacteurs (100MW) pour compléter sa gamme de réacteurs de troisième génération (EPR, ATMEA et Kerena).
EDF, cherche à se développer à l’international.

DCNS, Areva et EDF ont conclu un partenariat avec le Commissariat à l’énergie Atomique (CEA) pour approfondir ensemble le projet Flexblue.

Après les études de pré faisabilités techniques menées par DCNS, le concept va maintenant faire l’objet d’une validation des aspects techniques, industriels et économiques.
Cette phase, prévue pour durer deux ans, mobilisera 100 à 150 ingénieurs chez les quatre partenaires et nécessitera plusieurs dizaines de millions d’euros d’investissements.
Il s’agit, notamment, de retenir les options techniques, d’évaluer la compétitivité économique (coût du kilowattheure) de ce type d’unité par rapport à d’autres sources de production d’énergie et de traiter les problématiques liées à la lutte contre la prolifération nucléaire (85% aujourd’hui de la production d’énergie électrique en France).

D’un point de vue de la sûreté et de la sécurité de l’installation, qui doivent répondre à l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), DCNS et ses partenaires souhaitent, que Flexblue réponde au normes les plus exigeantes et présente un niveau de sûreté équivalent à celui des centrales de troisième génération.
L’aspect sécurité est examiné de près, au niveau de la structure en elle-même, mais aussi en matière d’agressions extérieures.
La solution immergée constitue, une parade à des actions terroristes, comme les attaques par avions ou les tirs de missiles. La profondeur pressentie, soit au moins 60 mètres, réduit considérablement les risques, un simple plongeur ne pouvant pas atteindre le module sans un solide entrainement et du matériel spécialisé. Malgré tout, un dispositif de protection est prévu. Il comprendra notamment un filet métallique empêchant une intrusion par voie sous-marine.

A quand un prototype à flot?

Pour l’instant le président du groupe DCNS Patrick Boissier, a déclaré lors d’une interview :
“Les équipes de DCNS poursuivent leurs études sur le projet Flexblue. Nous reprendrons la parole à ce sujet lorsque nous aurons suffisamment d’éléments nouveaux à présenter.”
Un premier module pourrait voir le jour en 2019.