Un appareil de mesure de type multimètre doit être un outil fiable, qui donne des mesures les plus précises possible et qui est choisi pour proposer un maximum de sécurité.
Le multimètre bien qu’il fasse parti des outils de l’électricien ne doit pas être rangé avec les autres outils, il doit être protégé, vérifié, et entretenu, y compris ses accessoires comme les cordons de mesure ou d’autre dispositif de connexion.

La sécurité :

À mesure que les systèmes de distribution électriques et les charges deviennent plus complexes, les risques de surtensions transitoires augmentent. Les moteurs, les condensateurs et les outils de conversion de puissance, tels que les variateurs de vitesse, peuvent s’avérer être de gros générateurs de pics de tension.
La foudre au niveau des lignes électriques extérieures peut également être à l’origine de transitoires à haute tension extrêmement dangereuses.

 

Lorsque l’on réalise des mesures sur des installations électriques, ces transitoires constituent des risques et surviennent généralement sur des circuits à basse tension.
Elles peuvent atteindre des valeurs avoisinant plusieurs milliers de volts.
Un multimètre (ou autre appareil de mesure) peut devenir extrêmement dangereux si le choix de ce dernier ne correspond pas à la catégorie des installations électriques et conduire à sa destruction.

 

Surtension dans un multimètre

 



Comment assurer la sécurité des mesures électriques :

Les surtensions transitoires :

La protection des circuits des appareils de mesure ne dépend pas simplement de la gamme tension en régime permanent, mais de leur capacité à combiner la fois la tenue aux surtensions transitoires et en régime
permanent.
Lorsque les transitoires circulent sur les circuits à haute énergie, ils sont d’autant plus dangereux que ces circuits peuvent fournir des courants importants.

 

Si un transitoire entraîne un retour d’arc, le courant élevé risque d’alimenter l’arc, produisant une explosion ou un claquage au plasma qui se produit lorsque l’air ambiant devient ionisé et conducteur.
Cela entraîne un éclair d’arc qui va provoquer des blessures par projection de matières.

 

Le choix de l’appareil de mesure dépend donc de la catégorie de mesure. La norme définit les catégories I à IV, souvent abrégées sous la forme CAT I, CAT II, etc.
La division d’un système de distribution électrique en catégories repose sur le fait qu’un transitoire dangereux à haute énergie tel qu’un éclair sera atténué ou amorti en traversant l’impédance du système.
Une catégorie CAT plus élevée renvoie à un environnement électrique marqué par une plus grande puissance disponible et des transitoires d’énergie plus élevée.

Un multimètre conçu selon la norme CAT III résiste donc beaucoup mieux aux transitoires à énergie élevée que ceux conçus selon la norme CAT II.
À l’intérieur d’une catégorie, une tension nominale élevée renvoie à une caractéristique de résistance aux transitoires plus élevée; autrement dit, un appareil CAT III-1000 V dispose d’une protection supérieure par rapport à un appareil homologué CAT III 600 V.

 

CAT I : Électronique
– Équipement électronique protégé.
– Équipements reliés aux circuits (source) dans lesquels des mesures sont prises pour limiter les surtensions transitoires à un faible niveau approprié.
– Toute source à faible énergie de tension élevée, dérivée d’un transformateur de résistance à enroulement élevé, tel que la section haute tension d’un photocopieur.

CAT II : Charges reliées à des prises monophasées
– Charges domestiques.
– Prises de courant et circuits dérivés longs.

CAT III : Distribution triphasée, y compris l’éclairage commercial monophasé
– Équipements des installations fixes, tels que moteurs polyphasés et appareils de commutation.
– Barres omnibus et alimentation des sites industriels.
– Lignes d’alimentation et circuits dérivés courts, panneaux de distribution électriques.
– Installations d’éclairage dans les grands bâtiments.
– Prises d’appareils électriques avec branchements courts jusqu’à l’entrée des fils d’alimentation

CAT IV : Triphasé au niveau du branchement secteur, tous les conducteurs extérieurs
– Renvoie à « l’origine de l’installation », c.-à-d. à l’endroit où le branchement à basse tension est connecté à la ligne secteur.
– Les compteurs électriques, les équipements de protection à maximum de courant primaire.
– Entrée des fils d’alimentation et ligne extérieure, branchement de service du poteau jusqu’au bâtiment, section entre le compteur et le panneau de distribution électrique.
– Ligne aérienne jusqu’à un bâtiment.

Les cordons de mesure, les sondes, les pinces crocodile, les grips fils… doivent être impérativement de la même catégorie que l’appareil de mesure.
Ces accessoires doivent être en parfait état et vérifiés avant chaque utilisation.
Ne perdez jamais de vue que vous devrez tenir ces accessoires en main lors de la réalisation de mesures. En cas de négligence, les conséquences peuvent être très lourdes.

 

Les pointes de touche doivent être réduites au strict minimum, et les pinces crocodile à mâchoires capotées.

Autre risque :

Les transitoires ne sont pas la seule source possible de courts-circuits et d’éclairs d’arc.
Une mauvaise utilisation très répandue des multimètres portables peut entraîner une séquence d’événements similaire.
Supposons le cas suivant. Un utilisateur réalise des mesures de courant sur des circuits de signalisation. L’opération consiste à sélectionner la fonction des ampères, à insérer les cordons dans les bornes d’entrées mA ou A, à ouvrir le circuit et à prendre une mesure en série.

Dans un circuit en série, le courant est toujours le même. L’impédance d’entrée du circuit d’intensité doit être suffisamment faible pour ne pas afficher le courant du circuit en série. L’impédance d’entrée sur la borne 10 A d’un multimètre est de 0,01 Ω.
Comparez cela à l’impédance d’entrée sur les bornes de tension de 10 MΩ (10.000.000 Ω).

 

Si les cordons de mesure sont laissés dans les bornes d’intensité, puis accidentellement connectés aux
bornes d’une source de tension, la faible impédance d’entrée se transforme en court-circuit !

Peu importe que le commutateur de fonction soit réglé sur la fonction des volts :
Les cordons sont toujours physiquement branchés à un circuit à faible impédance. C’est pourquoi les bornes d’intensité doivent être protégées par des fusibles.

Ces fusibles doivent être de type “haute énergie”. Il faut utilisez exclusivement les fusibles à haute énergie spécifiés par le fabricant. Ces fusibles sont homologués à une tension et avec une capacité d’interruption de court-circuit appropriée.

Mesures en présence de tension : les règles de sécurité

– Utiliser des instruments professionnels, protégés (avec les fusibles du constructeur), en parfait état.
– Utiliser des appareils TRMS (True root mean square : valeur efficace vraie)
– Utiliser des cordons de mesure : équipés de connecteurs blindés, munis de protège-doigts et d’une
surface antidérapante, de catégorie équivalente ou supérieure à celle de l’instrument de mesure, à double isolation (rechercher le symbole), munis de pointes de sonde avec partie métallique exposée minime.
– Porter un écran facial (anti-UV).
– Porter des gants isolants.
– Retirer montre, bijoux, objets personnels.
– Utiliser un tapis d’isolation.
– Porter des vêtements ignifugés (et non des vêtements de travail ordinaires).
– Utiliser des instruments portant les indications suivantes : CAT III 1 000 V, CAT IV 600 V.
– Vérifier si votre outil de test a été testé et certifié par deux ou plusieurs laboratoires de test indépendants, tels que UL aux États-Unis et VDE ou TüV en Europe, en recherchant les symboles de ces
organismes à l’arrière de l’instrument.
– Consulter la notice en particulier les indications particulières (autorisations ou interdictions).
– S’assurer que la batterie est suffisamment chargée pour garantir des mesures fiables. La plupart des instruments de mesure intègrent un indicateur de faible niveau de charge (écran).
– Vérifier la résistance des cordons de mesure (un cordon de qualité doit présenter une résistance de 0,1 à 0,3 Ohm).
– Utiliser la fonction de test de l’instrument (lorsqu’elle existe) pour vous assurer que les fusibles sont en place et fonctionnent correctement.
– Respecter les consignes et les procédures.
– Avoir une habilitation électrique (NF C 18-510) appropriée pour les opérations réalisées.

Rester fidèle à votre bon vieux multimètre.

Les appareils actuels proposent plus de sécurité et valent largement la peine d’investir dans un nouveau multimètre par exemple, dont le coût sera de toute façon bien inférieur à celui d’un séjour à l’hôpital…